La fête du Mouled est prévue, ce dimanche 15 septembre, et sa célébration est essentiellement marquée par la préparation de l’assida du zgougou. C’est une coutume typiquement tunisienne qui coïncide, cette année, avec la rentrée scolaire. Soit deux évènements auxquels les Tunisiens consacrent un budget assez considérable.
Cherté de vie oblige, les Tunisiens font face aux dépenses sans cesse croissantes de la rentrée scolaire, tout en essayant de préserver une tradition bien ancrée dans la société tunisienne.
Sonia, fonctionnaire de plus de vingt ans, semble avoir trouvé la solution. Sans pour autant se passer de cette fête religieuse. Pour elle, il n’est pas nécessaire d’acheter des produits chers à l’instar du zgougou et des fruits secs, dont les prix dépassent les cent dinars. Un plat à base de semoule « assida bidha » est largement suffisant, car les significations de cette fête ne consistent pas dans le fait de remplir les estomacs à l’excès.
Une tradition bien ancrée
Au contraire, c’est une occasion de perpétuer la célébration de la naissance de notre Prophète et de se rappeler la bonne conduite qu’il adopta de son vivant, ainsi que sa sunna prodiguée à ses compagnons. Mère de deux lycéens, cette fonctionnaire a appris les bonnes pratiques de gérer son revenu, ainsi que celui de son mari, de manière à réussir la rentrée scolaire de ses enfants, sans pour autant manquer la célébration de cette fête religieuse.
De son côté, Amani, une employée dans une société privée, voit les choses autrement. Elle s’est montrée très attachée à cette fête religieuse bien ancrée dans la société. « Car on ne la célèbre pas tous les jours, d’autant plus que les dépenses qui lui sont allouées ne semblent pas énormes », estime-t-elle, puisqu’elle a déjà acheté un kilo de zgougou et de petites quantités de fruits secs. « Le tout avec des prix aussi acceptables, sans avoir dépassé les 200 dinars. Une somme qui ne peut même pas couvrir une partie infime des frais des manuels et fournitures scolaires », a-t-elle jugé.
Une question de conviction !
Moncef, un menuisier et père de trois enfants, ne partage pas l’avis ni de Sonia ni d’Amani. A l’en croire, ce ne sont pas les moyens financiers qui lui manquent, c’est plutôt une question de conviction. « Cette fête ne se réduit pas à sa juste expression culinaire, soit la préparation de l’assida, c’est plutôt une cérémonie religieuse qui nous interpelle tous pour éveiller en nous une certaine spiritualité chassée par le matérialisme qu’on vit quotidiennement.. », évoque-t-il. Le Mouled, pour lui, c’est une occasion de commémorer la sunna du Prophète, mais également ses sacrifices en vue d’instaurer une société solidaire et tolérante.
Autre son de cloche, Asma semble catégorique quant à la célébration de cette fête religieuse, tant qu’il y a encore une frénésie d’achat de zgougou et des fruits secs à des prix fous. Face à cette situation, elle ne cache pas son étonnement de voir une grande partie des Tunisiens se comporter ainsi, sans aucune modération. « D’ailleurs, on n’est pas obligé de célébrer l’anniversaire du Prophète, car lui-même ne l’a pas fait de son vivant », conclut-elle. Il y a lieu de remarquer que, pour certains Tunisiens, la célébration de la fête du Mouled n’a aucun sens, sans la préparation de l’assida du zgougou. Une idée qui n’est pas forcément partagée par d’autres qui avancent un argument solide : ceux qui n’ont pas les moyens de le faire vont sentir une certaine frustration en découvrant sur les réseaux sociaux des photos de bols richement décorés et bien exposés.